Jean-Paul Forest : « une pierre est une entité »
Un lieu, une scène, une expo
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Il est passionné par les pierres de la vallée de Papeno’o depuis près de 30 ans. Le sculpteur Jean-Paul Forest a exposé ses dernières œuvres du 20 mars au 1er avril chez Winkler
Il a présenté des « pierres d’exception » lors de son exposition intitulée « Pierres de rêves, ‘Ofa’i moemoea ». Il a ressorti des pierres qu’il conservait depuis longtemps et qu’il n’avait jamais osé toucher « car elles sont trop belles ». Son intervention « améliore le regard que l’on peut porter sur elle ».
Jean-Paul, cette année a décidé de proposer des pièces plus diversifiées. « Jusqu’en 2022, je fouillais une seule et même idée pendant longtemps. » Cette fois, tout en conservant sa pratique du lien et de la couture, il a mis son « vocabulaire plastique » au service des pierres.
Il insiste : « une pierre ce n’est pas de la matière, ce n’est pas un objet, ni tout à fait un être mais c’est une entité ». De ce fait, sa pratique permet un dialogue. « Elles ont des choses à nous dire, reste à sa voir ce que nous nous pouvons leur dire. » Elles permettent de comprendre « la violence constructrice du monde ». Selon lui, l’univers, les galaxies, l’homme lui-même « n’est pas sorti de la combinaison de destruction et construction de la matière ».
Pour obtenir sa matière première, Jean-Paul Forest fait « comme tout le monde ». Il se balade au fond des vallées. Selon lui, les rivières sont des champs de pierres. « Tu n’imagines pas laisser partir certaines d’entre elles, les laisser devenir du sable pour les routes ou les maisons, victimes du concassage ou bien devenir du sable en raison de l’érosion. » Alors, il les ramasse, seul quand c’est possible, à trois ou quatre quand elles sont trop lourdes.
Conserver la beauté intrinsèque
Il lui est arrivé de transporter certains blocs sur des sortes de civières. Il collecte les pierres « qui ont quelque chose », qui lui « parlent ». Et c’est ainsi « que tu te retrouves avec une collection à la maison ». Ensuite, quand il a des envies particulières, des questionnements, il s’installe pour créer.
À chaque fois, il manipule la matière, « en conservant la beauté intrinsèque de chaque bloc, de chaque galet, de chaque pierre ». Il en garde la structure, « la personnalité ». Il apporte le moins possible de modifications tout en essayant d’apporter un maximum de réponses, pour lui et pour ses visiteurs.
Il travaille dans un atelier à Moorea mais aussi au Hamani Lab depuis quelques mois. Il y rencontre d’autres artistes, « cela me sort de mon isolement », se réjouit-il. Il a également assez d’espace pour reprendre le travail de très grosses pierres, et écrire un nouveau chapitre de son histoire artistique.
Tél.: 40 42 81 77
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Site internet : galeriewinkler.net
