« Paul revisited », Steven réinterprète Gauguin
L’artiste polynésien Steven Yeung est installé en Allemagne. Il continue toute de même à exposer à Tahiti. Le prochain rendez-vous est donné ce mois de juillet après 5 ans d’absence.
« Copier ce n’est pas amusant, de nombreux artistes l’ont déjà fait », commente Steven Yeung. Ce qui plaît à l’artiste, c’est d’innover, d’ajouter, de faire évoluer. Il présentera 13 toiles qui toutes partent d’une œuvre originale de Paul Gauguin. Il s’en inspire et les réinvente. Il y retire des éléments, y rajoute de nouveaux composants personnels, des objets propres à sa vie en Allemagne. « C’est un hommage non seulement à Paul Gauguin mais aussi à mes origines culturelles ancestrales. Je suis Tahitien d’origine chinoise. »
Steven Yeung est né en 1975 sur l’île de Tahiti à Papeete. Depuis son plus jeune âge il est plongé dans l’univers créatif de sa mère, couturière. C’est dans cet environnement du commerce familial qu’il s’est imprégné des couleurs, des formes, des volumes. C’est à l'école primaire qu'il se fait remarquer pour ses aptitudes artistiques. Sur les conseils de son enseignante, il a débuté un cursus en arts plastiques, auprès du professeur et peintre Rui Juventin, au conservatoire artistique de Polynésie Française.
Une attirance pour les peintres abstraits
Steven a quitté son île à l’âge de 18 ans pour s’engager dans l’armée. Il a entamé une carrière administrative qui lui a laissé le temps de découvrir les musées nationaux. Il a notamment apprécié les peintres abstraits qui ont fortement influencé son travail pictural. Il s’est mis à expérimenter leurs différentes techniques. En cherchant à se diversifier, il a pris des cours de modelage sur modèles nus, des cours de sculpture sur pierre et sur bois.
Il a fait sa toute première exposition à Tahiti en 2001, puis il est revenu en 2006 au Musée de la perle au centre Vaima. Entre-temps à Paris, il a fait d’autres expositions, où il a découvert son intérêt pour l’architecture.
Attiré par l’effervescence du milieu culturel berlinois, il a choisi de quitter la France pour l’Allemagne en 2010. Parallèlement à l’apprentissage de la langue, il a continué à s’investir dans de nombreuses expériences picturales dont l’architecture, il a découvert la céramique pour laquelle il a accordé de plus en plus de temps, en élargissant ses connaissances des différentes techniques du modelage.
Obsédé par les détails
Sa connaissance des couleurs s’est affinée avec le temps, de même que son obsession du détail. Ses motivations favorites ? Faire naître l’émotion à travers ces formes et ces couleurs afin de susciter un dialogue avec le public.
Lors de son exposition à la maison de la culture en 2019, Steven a rendu hommage à la culture de son pays natal ainsi qu’à celle de l’Allemagne avec le mouvement artistique Bauhaus. Il a réussi à intégrer dans ses peintures et céramiques le symbolisme polynésien et l’idée de ce mouvement architectural et artisanal.