Tapa : l’art et la matière
Hinatea Colombani du centre culturel ‘Arioi de Papara cherche à inscrire le tapa dans un cadre contemporain, à l’élever au rang d’art. Une rencontre inattendue en mars a donné un nouvel élan à sa démarche.
Lucid Life (Marama Ora en tahitien) tel est le nom du projet porté par Christopher Bellamy. L’idée ? Développer des biomatériaux durables. Christopher Bellamy a d’ores et déjà mis au point un matériau vivant contemporain avec le soutien du Francis Crick Institute for biomedical Discovery en utilisant des algues bioluminescentes.
Vivre de manière plus durable et régénératrice
Bioconcepteur et ingénieur fasciné par la façon dont nous pouvons vivre de manière plus durable et régénératrice, Christopher Bellamy a d’abord étudié l'ingénierie à l'Université de Cambridge. Puis, il a travaillé chez Jaguar Land Rover en contribuant au développement de leur premier véhicule électrique, la Jaguar I-Pace. Il s'est ensuite lancé dans l'industrie de la chaussure et de l'habillement avec l'espoir de réduire l'impact des plus de 20 milliards de paires de chaussures fabriquées chaque année. Mais il a rapidement réalisé que les améliorations apportées aux plastiques et aux métaux ne suffiraient jamais à atteindre les objectifs climatiques. Il a changé de cap et suivi un master en biodesign à Central Saint Martins (université des arts de Londres). Ses recherches ont porté sur la manière dont les matériaux vivants peuvent être utilisés dans notre vie quotidienne en imbriquant les connaissances traditionnelles avec les dernières recherches scientifiques.
De passage à Tahiti, il a rencontré Hinatea Colombani du centre culturel ‘Arioi lors de l’exposition « Hotu, Lune à l’autre » qui a eu lieu du 26 au 30 mars dernier salle Muriāvai. Depuis plus de huit ans, Hinatea Colombani s’intéresse à l’art de la confection du tapa. Au premier trimestre, elle a participé à plusieurs sessions de workshops traditionnels et artistiques à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Elle a exposé des pièces de tapa à la Biennale de Sydney. Elle a signé des œuvres en tapa et pigments naturels présentées avec celles de Miriama Bono pour Hotu.
Entre Hinatea et Chris, le courant est passé. « Il a souhaité intégrer le tapa à ses travaux, élevant notre étoffe au rang d’art », résume Hinatea, conquise. Le biodesigner a rejoint l’artiste reconnue ‘Ihi rima’ī mā’ohi (Maître artisan spécialiste du tapa par le Service de l’artisanat traditionnel) directement au centre culturel ‘Arioi. « J’ai vu la passion dans ses yeux, l’envie de parler de la Polynésie à travers ses objets, c’est alors que l’on a décidé de collaborer. »
Forte impression
Ensemble, ils ont travaillé sur un costume et un petit tambour pour une présentation le 10 juin à Central Saint Martins à Londres. « Le tapa est la base du costume que nous avons créé ensemble. Malheureusement, nous n'avons pas réussi à terminer l'ensemble du costume mais cela viendra ! » Le tambour, un collier et un maillot de bain ont, en attendant, fait forte impression à Londres. La suite au prochain épisode.