Tatouage, un art en mouvement

Tatouage, un art en mouvement
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À la fin du mois de novembre 2024 le Tahiti Tattoo Fest. Un événement attendu par la communauté qui réunira de nombreux professionnels. L’occasion de s’interroger sur l’évolution de cet art sacré polynésien.

Le Tahiti Tattoo Fest 2024 mettra à l’honneur le tatouage local, traditionnel. Mais dans les shops, les demandes et les pratiques évoluent. La jeune génération dont les racines plongent dans les pratiques ancestrales, inspirée par les motifs d’antan, étoffe son offre et améliore sa technique avec le temps. « Ce n’est pas tant le matériel que l’esthétique, les prouesses et le style des tatoueurs qui progressent », constate Ariimoana Lemoine.

Il a 32 ans, travaille depuis plus de dix ans, et il explique : « Je m’inspire des motifs anciens, mais je les réinterprète, j’y mets mes propres valeurs esthétiques. C’est ainsi que les tatoueurs peuvent se différencier. » Il affirme qu’il y a une remarquable évolution ces dernières années. « Le niveau augmente. Grâce aux réseaux on peut suivre le travail des uns et des autres, s’inspirer mutuellement, aller toujours plus loin. » Ariimoana est persuadé que les possibilités sont illimitées même sans sombrer dans des dérives conceptuelles à l’image de l’Ignorant tattoo.

Un ornement aligné et cohérent

Pour Eli, le tatouage est un moyen de « reconnecter les gens à eux-mêmes », c’est « la matérialisation d’un changement qui nourrit ». Elle plaisante : « souvent quand ils viennent me voir, ils repartent avec ce qu’ils n’avaient pas demandé ». Elle voit les motifs qui « s’accrochent à certaines parties du corps ». Son objectif reste de mettre en valeur les individus, de leur offrir un ornement « aligné », « cohérent ».

Elle mélange traditionnel et contemporain, positionne ses pièces au millimètre près, elle joue sur les motifs et leur structure. « En me lançant il y a dix ans j’ai eu peur, à un moment donné, de ne pas réussir à me renouveler, de manquer d’inspiration, finalement je me nourris des gens. Je n’ai finalement jamais fait deux fois la même chose. »

Heipua, elle, garde les motifs traditionnels qu’elle décline. Elle joue sur les compositions pour se démarquer. « Et puis, on n’a pas tous la même histoire, chaque tatouage est personnel. » Elle garde toujours en tête de créer des œuvres uniques. Elle participera, avec Ariimoana et Eli, au Tahiti Tattoo Fest 2024. Elle remettra son titre en jeu (elle a remporté le 1er prix en catégorie Polynésie moderne à la convention de tatouage Faa’a nui a tū te tātau en 2021). Après six années de pratique, elle se considère toujours comme une jeune tatoueuse à qui il reste beaucoup à apprendre. « Ce prix c’était il y a trois ans, j’ai besoin de savoir où j’en suis. » Réponse dans quelques jours.

Je m’inspire des motifs anciens, mais je les réinterprète, j’y mets mes propres valeurs esthétiques.

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Réalisé les yeux bandés ou avec un drone

Un tatouage réalisé les yeux bandés, avec les pieds, une canne à pêche ou même un drone, des lignes simples et imparfaites, des textes mal orthographiés, ainsi se pratique l’Ignorant tattoo. Une tendance en lien étroit avec l’art urbain et rendant hommage au « graffiti primitif » new-yorkais des années 90’.

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