Tahe à Canberra, « il y a eu comme un déclic»



« Je me sens un peu privilégié »
L’artiste Tahe expose actuellement à la National Gallery of Australia à Canberra. Une expérience mémorable qui ne passera pas sans laisser de traces.
Il ne connaissait pas la scène artistique australienne, n’avait pas de contacts avec les artistes du Pacifique. Aujourd’hui Tahe, en exposant à la National Gallery of Australia (Canberra), a tissé des liens avec des homologues maori, hawaiiens, tongiens, samoans… « Je crois qu’il y a eu comme un déclic », reconnaît-il. Il a présenté une œuvre dont les symboles et références ont résonné auprès d’un public international. « C’est motivant de rencontrer des gens qui comprennent. » À Canberra, où il a été invité pour l’inauguration, Tahe a vécu une expérience inoubliable. « Je me sens un peu privilégié. »
La National Gallery of Australia accueille depuis le 29 juin une exposition d’œuvres de Gauguin et d’objets polynésiens intitulée : Gauguin’s World : Tōna Iho, Tōna Ao. En parallèle s’exprime le SaVĀge K’lub, un véhicule multidisciplinaire permettant d’explorer les idées d’hospitalité, de culture et d’identité. Conçu pour la première fois par l’artiste contemporaine Rosanna Raymond en 2010, le SaVĀge K’lub fait référence à un club de gentlemen historique établi pour la première fois à Londres au XIXe siècle. Il consiste désormais en une installation basée sur le concept du paepae, il met en scène des objets traditionnels et des créations contemporaines créées par des artistes du Pacifique.
Membre de longue date du collectif artistique Pacific Sisters, Rosanna Raymond a acquis une renommée internationale pour ses performances, ses installations, ses ornements corporels et ses créations orales. Elle a invité Tahe, par l’intermédiaire de la curatrice Miriama Bono. « De prime abord, n’ayant pas une bonne image de Gauguin j’ai hésité », se rappelle Tahe. Il a rencontré Rosanna Raymond qui s’est déplacée jusqu’à Tahiti en début d’année pour expliciter son projet. Finalement, Tahe s’est laissé convaincre concevant « Riding the settler ». Il a apporté sa pierre à l’édifice collectif baptisé Te Paepae Aora’i – Où les dieux ne peuvent pas être dupes.
Sa pièce, fabriquée en mousse et en résine, est composée d’un tiki posé sur une tête représentant l’explorateur Bougainville. Un umete tient lieu de corps. Pour Tahe c’est une manière de réécrire l’histoire et d’ouvrir un champ des possibles. « Qu’est-ce qui serait arrivé si l’explorateur avait accosté ailleurs qu’à Tahiti ? », interroge-t-il. Il laisse aux visiteurs le soin de réfléchir, trouver leurs réponses et d’interpréter. Le public a jusqu’au 7 octobre pour en profiter.